À travers sa musique, la trompettiste britanno-bahreïnie Yazz Ahmed cherche à brouiller les frontières entre le jazz et le design sonore électronique, en mêlant les sonorités de son héritage métissé dans un style décrit comme du "jazz arabe psychédélique, enivrant et captivant".
Au cours de la dernière décennie, Yazz a dirigé ses ensembles en tournée au Royaume-Uni et en Europe, ainsi qu'en Algérie, Bahreïn, Beyrouth, Koweït, Tunisie, Turquie, Ukraine, États-Unis et Canada. Elle a également conquis le public de festivals majeurs tels que WOMAD, Love Supreme, NYC Winter Jazz Fest et Pori Jazz. Sa carrière est jalonnée de collaborations prestigieuses, notamment avec Radiohead, Lee Scratch Perry, Transglobal Underground, Arturo O’Farrill, Natacha Atlas et Obongjayar, ainsi qu'une tournée mondiale avec These New Puritans.
C'est avec son premier album autoproduit, Finding My Way Home, en 2011, qu'elle explore pour la première fois la musique arabe, se révélant comme une interprète et compositrice innovante. Le magazine Jazzwise la désigne alors comme "une artiste à suivre". Toutefois, c'est avec son deuxième album, La Saboteuse (Naim Records, 2017), qu'elle atteint une reconnaissance internationale, recevant de nombreuses critiques élogieuses et figurant dans plusieurs classements des "meilleurs albums de 2017" à travers le monde, dont l'Album de jazz de l'année par le magazine The Wire et la 18e place dans le top 100 de Bandcamp tous genres confondus.
"This is enchanting, late-night music that floats on the liminal space between dreams and reality. And for sheer, unconquered beauty, there are few albums of any genre that reach these heady heights. Ahmed, in diving deep within herself, comes back up for air with a mysterious, wondrous artefact humming in her hands," the2010s.net.
Entre la sortie de Finding My Way Home et La Saboteuse, Yazz a reçu le soutien de Jazzlines au Town Hall Symphony Hall de Birmingham pour composer la suite Alhaan al Siduri, qui a été jouée pour la première fois en octobre 2015 au CBSO Centre de Birmingham. Cette œuvre, influencée par ses racines bahreïnies, s'inspire de la musique traditionnelle des plongeurs de perles et des chants de mariage interprétés par des groupes de percussionnistes féminins. La seconde représentation de cette suite marque ses débuts dans le pays de son père, lors du Bahrain International Music Festival en 2016.
En 2016, elle est acceptée au sein du LSO Soundhub composer scheme, où elle expérimente la composition pour son nouvel instrument, un flugelhorn en quart de ton, qui lui permet d'approfondir l'exploration des "blue notes" en musique arabe. En 2018, elle reçoit deux commandes sur le thème du cosmos. The Planets 2018, une œuvre créée pour une tournée de planétariums, célèbre le centenaire de la suite de Holst et l'astronomie moderne. Commandée par le Ligeti Quartet, sa composition Saturn est jouée au Royaume-Uni en octobre. Plus tard, l'Open University lui demande de composer une pièce solo inspirée de la lune, Earth’s Reflection, qui est interprétée lors de la OU Moon Night en décembre 2018.
Son intérêt croissant pour la musique électronique la conduit à sortir La Saboteuse Remixed (Naim, 2018), où elle collabore avec Hector Plimmer, DJ Khalab et Blacksea Não Maya. Quatre morceaux de l'album original sont réimaginés, explorant de nouvelles dimensions sonores.
En juin 2019, elle présente A Shoal of Souls (IXCHEL Records), une œuvre commandée par le EFG London Jazz Festival en réaction à l'illustration de Sophie Bass pour La Saboteuse. Ce morceau est dédié aux milliers de personnes ayant perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée pour un avenir meilleur. A Shoal of Souls est également utilisé comme bande-son d'une publicité pour l'iPhone 11 d'Apple.
En 2019, elle sort Polyhymnia (Ropeadope Records), qui renforce sa réputation de compositrice majeure sur la scène jazz britannique. Cet album, issu d'une commande pour la Journée internationale des droits des femmes en 2015 par Tomorrow’s Warriors, est une suite en hommage aux femmes courageuses et inspirantes, interprétée par un ensemble de 25 musiciens.
"Rich, powerful, colourful, exciting, and highly evocative. Ahmed’s most ambitious and most successful work to date has the feel of a ‘major statement’ about it." – thejazzmann.com.
L'album est remarqué par Apple et mis en avant dans ses campagnes publicitaires Apple Music 2020. En janvier 2020, Downbeat Magazine la désigne comme l'une des 25 artistes qui façonneront l'avenir du jazz au cours de la prochaine décennie. Aux Jazz FM Awards 2020, Polyhymnia est élu Album de l'année, et Yazz reçoit le prix de l'Artiste jazz britannique de l'année. Elle reçoit également le prestigieux Ivor Novello Award for Innovation.
Pendant la pandémie, elle compose et enregistre de la musique pour Adult Swim, le Festival of New Trumpet Music à New York, et une installation sonore pour WOMAD, accompagnant la sculpture Museum Of The Moon de Luke Jerram. Elle participe également à des concerts en streaming pour Boiler Room, WOW! Istanbul, Jazzed app, The EFG London Jazz Festival, Sage Gateshead et la série Spring Encounters de Tim Garland.
En novembre 2020, elle sort Polyhymnia Remixed, en collaboration avec des producteurs underground émergents tels que DJ Plead, Asmara et Surly, qui revisitent les morceaux avec une nouvelle perspective sur les histoires des femmes mises en avant dans l'album original.
En 2021, elle publie Solo 7”s Vol.1, un single comprenant deux morceaux enregistrés chez elle, inspirés de son expérience des concerts en solo pendant la pandémie. Avec le retour des concerts en 2021, elle reprend les tournées en Europe et termine l'année en beauté avec une collaboration avec son quintet et le BBC Concert Orchestra au Queen Elizabeth Hall, diffusée sur BBC Radio 3 dans le cadre du EFG London Jazz Festival.
En 2022, elle est sollicitée par Blue Note Records pour arranger et enregistrer un morceau pour la seconde série Blue Note Re:imagined. Elle y revisite It de Chick Corea avec la participation du clarinettiste Tim Garland. En décembre 2022, elle organise une soirée au Barbican Hall de Londres où elle partage la scène avec Rabih Abou-Khalil, dont l’album Blue Camel a profondément influencé son travail, et Emel, chanteuse et productrice tunisienne-américaine, figure de la scène avant-gardiste dont la voix a marqué le Printemps arabe.
"J'espère qu'à travers ma musique, je peux rapprocher les gens, construire des ponts entre les cultures et changer les perceptions sur les femmes dans le jazz et les personnes d'origine moyen-orientale."
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