Friday May 9th | 21:30 Trocadéro

ERIK TRUFFAZ

How old is Erik? 8, 9 years old? On a ball night, the girls put on pastel dresses, the boys tied their ties neatly, and the humidity electrified the air. Erik is the conductor’s son; in these peripheral nights, that gives him a certain status, almost an immunity. And yet, he is afraid. He grabs his trumpet, presses the three pistons to convince himself they still respond, and blows. His first improvisation is on a song by Sacha Distel: “L’argent… l’argent”, where it is said that happiness is worth more than money. It was a fitting choice—he made it his life’s path.

He was born in the early 1960s, in an in-between territory that is neither truly France nor quite Switzerland—the Pays de Gex, with its brass bands and thus its Saturday night balls, where music serves only a few precise functions: breaking down inner and outer walls, soaking backs in sweat, hurting feet, and finding a shoulder to nestle against. Every portrait of Erik Truffaz highlights the experimenter, the all-terrain artist, his ability to slip into a symphonic work, behind Indian tablas, or into distorted guitars battling walls of sound. But one cannot truly grasp his intimate odyssey without realizing that, for him, music is, above all, an unstoppable means of falling in love.

Very early on, he banged his brain against binary music. The first concert of his life was Joe Dassin. Later, free to choose for himself, he devoured Pink Floyd, electric Miles, and free zones where his shyness—his way of pulling his shoulders inward—was offset by the sheer power of the environment. Young Erik Truffaz was seen breathing life into a rap group in Lausanne, Silent Majority, then making night trips to London to play at Drum ‘n’ Bass parties. Erik Truffaz realized that his trumpet spoke a new Esperanto, capable of constructing the most unexpected landscapes. It became his planetary visa, his seven-league boots, his pass-through-walls.

Thus, Erik possesses an extraordinary toy to help him conquer the world. But he still needs a brigade, a solid little troop, to carve out vast landscapes for him and shield him from fear. About thirty years ago, the Erik Truffaz Quartet became one of the best time-exploring machines ever known. For the Blue Note label, they crafted classics of their time, jazz infused with electronic rhythms—“The Dawn”, “Bending New Corners”. They only realized their phenomenal success when, in Marseille, they faced a human tide waiting hopelessly outside the club where the quartet was to play that night.

One would have advised Erik Truffaz to keep kneading this refined, modern jazz, just edgy enough, an impetuous recipe that could have been developed ad infinitum. Instead, he did exactly the opposite. For 30 years, this trumpet player with the face of a bird has consistently taken the road against the flow, honed his skills on mountain paths, and brandished his trumpet in the face of the giants he encountered. Who else can boast such a record? Erik Truffaz threw his rhymes behind the back of composer Pierre Henry, haunted the endless nights of Christophe, repainted Enki Bilal’s drawings with blue-hued notes, and shared the stage with Jacques Weber and Sandrine Bonnaire. On those nights, it seemed as though all his readings resurfaced through his mouthpiece. He recorded in India on the banks of the Ganges, sang with a Malian diva and with The Dandy Warhols, offered compositions to symphony orchestras, and wrote extensively for cinema—as if, in the end, his instrument served only one cause: extracting the buried emotion in everything that crossed his path.

He is often seen in semi-squats, invited by very young bands who see him as a commanding figure. But he is more excited than they are. More euphoric. Because this man in a hat and white shirt has never forgotten the anxiety mixed with audacity that it takes to step onto a stage. He never says too much. He leaves long spaces for others. The silence that his companions seize after Erik—that, too, is Truffaz.

A few years ago, he woke up one morning with a lump in his stomach: he had to play his mother’s favorite piece—Verdi—in a church where she was resting. He did not fail. One is not there to show doubts but to bring the house down.

Line-up :

  • Erik Truffaz trumpet,
  • Marcello Giuliani bass,
  • Raphaël Chassin drums,
  • Alexis Anérilles keyboard,
  • David Koch guitars.

 

Il est né au début des années 1960, dans un territoire intermédiaire qui ne procède ni vraiment de la France, pas tout à fait de la Suisse, le pays de Gex, ses fanfares et donc ses bals du samedi soir où la musique n’a que quelques fonctions précises : abattre les murs intérieurs et extérieurs, tremper le dos, faire mal aux pieds et dégoter une épaule où se blottir. Tous les portraits d’Erik Truffaz insistent sur l’expérimentateur, le tout-terrain, sa capacité à se lover dans une œuvre symphonique, derrière des tablas indiens, des guitares distordues qui se battent contre des murs de son. On n’a rien compris à son odyssée intime si on ne voit pas que la musique est d’abord, chez lui, un truc imparable pour tomber amoureux.

 

Il s’est cogné très tôt les méninges contre les musiques binaires. Le premier concert de sa vie, c’était Joe Dassin. Plus tard, libre de ses choix, il a bouffé Pink Floyd, le Miles électrique, des zones franches où cette timidité, cette façon de rentrer les épaules, va être déviée par la puissance de l’environnement. On a vu jeune Erik Truffaz donner de l’air dans un groupe de rap à Lausanne, Silent Majority, puis faire l’aller-retour dans la nuit à Londres pour animer des soirées Drum ‘n’bass. Erik Truffaz se rend compte que sa trompette parle un espéranto nouveau, elle est capable de bâtir les décors les moins attendus. Elle est un visa planétaire, des bottes de sept lieues, un passe-muraille.

 

Erik possède donc un joujou extra pour l’aider à conquérir le monde. Mais il lui faut encore une brigade, une petite troupe solide, pour lui dessiner des parterres immenses et le protéger de la peur. Il y a une trentaine d’années, le Erik Truffaz Quartet devient une des meilleures machines à explorer les temps qu’on ait connues. Il fabrique pour le label Blue Note des classiques de leur époque, du jazz qui trafique les rythmiques électroniques, « The Dawn », « Bending New Corners » ; ils ne s’aperçoivent de leur succès phénoménal que lorsque, à Marseille, ils se trouvent face à une marée humaine qui poireaute sans espoir véritable devant le club où le quartette jouera ce soir.

 

On aurait sans doute conseillé à Erik Truffaz de continuer à pétrir indéfiniment ces petits pains de jazz racé, modernes juste ce qu’il faut, impétueux, d’une recette qui ne demandait qu’à être développée jusqu’à plus soif. Il a fait très exactement le contraire. Depuis 30 ans, ce trompettiste à la gueule d’oiseau ne cesse de prendre la route à contresens, de roder sa conduite sur les chemins de montagne, de brandir sa trompette face aux géants qu’il croise. Qui peut se vanter d’un tel palmarès ? Erik Truffaz a balancé ses rimes dans le dos du compositeur Pierre Henry, il a hanté les nuits infinies de Christophe, il a repeint les dessins d’Enki Bilal avec des notes à base de bleu, il a partagé la scène avec Jacques Weber, Sandrine Bonnaire, et on aurait dit ces soirs-là que toutes ses lectures revenaient à la surface de son embouchure, il a enregistré en Inde au bord du Gange, il a chanté avec une diva malienne et avec les Dandy Warhols, il a offert des partitions à des orchestres symphoniques, il a écrit abondamment pour le cinéma comme si son instrument, au fond, ne servait qu’une cause : extraire l’émotion enfouie dans tout ce qui le traverse.

 

On l’aperçoit très souvent dans des demi-squats, invité par de très jeunes groupes qui voient en lui la statue du commandeur. Il est plus excité qu’eux. Il est plus euphorique. Parce que ce type à chapeau et chemise blanche n’a rien oublié de l’anxiété mêlée d’audace qu’il faut pour monter sur scène. Il n’en dit jamais trop. Il abandonne de longs espaces aux autres. Le silence que ses compagnons saisissent après Erik, c’est encore du Truffaz. Il y a quelques années, il s’est réveillé un matin avec la boule au ventre : il devait jouer le morceau préféré de sa mère, du Verdi, dans une église où elle reposait. Il n’a pas failli. On n’est pas là pour montrer ses doutes, mais pour casser la baraque.

Line-up : Erik Truffaz Trompette, Marcello Giuliani  Basse, Raphaël Chassin  Batterie, Alexis Anérilles  Clavier, David Koch  Guitares